lundi 12 septembre 2016

Texte écrit par Louis Doucet à l'occasion du prochain salon MACPARIS

Depuis plusieurs années, Fabienne Houzé-Ricard dessine des nids et des oiseaux morts. Les deux extrémités d’un cycle de vie...

Ses nids, majoritairement de couleur rouge, comme pour exprimer les affres d’une tragédie en devenir, sont souvent de très grandes dimensions, résultant de gestes, quasi obsessionnels, de tressage et de tuilage qui rappellent ceux de l’oiseau construisant son chez-soi. On peut voir, dans cette lente stratification de lignes ou de petites surfaces créant un volume creux en réserve, une métaphore du processus mémoriel. Mais aussi de la lente élaboration de la personnalité et de l’identité, aussi diversifiées d’un individu à l’autre que le sont les formes et les structures des différents nids que l’artiste nous propose.

Sans passer par les phases de la ponte, de l’éclosion, du premier envol, de la conquête des airs, des accouplements, Fabienne Houzé-Ricard enchaîne directement avec les oiseaux morts. Peut-être tombés du nid ? Comme les hommes chutant du sommet de leurs illusions ?

Dans une forme de pudeur, les oiseaux morts sont présentés de dos, le bec et les yeux cachés. Leurs rémiges et leurs plumes caudales sont déployées, à plat, comme sur une planche d’une encyclopédie zoologique, alors que leur corps refroidis présentent une courbure traduisant leur rigidité cadavérique. Une transposition ornithologique mais limpide du vanitas vanitatum omnia vanitas de l’Ecclésiaste…



Louis DOUCET   Juillet 2016